La Vierge Marie, loin de garder pour elle ses prérogatives, désire au contraire que nous parvenions à la même béatitude qu’elle. Mère très aimante, elle n’a de cesse de nous attirer à son Fils Jésus.
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Cet article a été publié dans la revue catholique Aleteia, le 7 juin 2024 ici. Vous pouvez continuer votre lecture sur ce blog.
Dans son ouvrage intitulé "Vie intérieure de la très sainte Vierge", devenu un classique de la spiritualité catholique, le père Jean-Jacques Olier (1608-1657) nous invite à méditer ce grand mystère : la Vierge Marie fut, de tout temps, présente aux yeux du Père Éternel. Avant tous les temps en effet, Dieu le Père prévoyait le mystère de l’Incarnation. Il avait donc déjà connaissance de l’âme de la Sainte Vierge, et de la vertu et de la grâce dont il allait la remplir.
Toutefois, il fallait que la Sainte Vierge consentit librement à cette haute et unique mission qui allait bouleverser sa vie à tout jamais. C’est pourquoi, le temps de l’Annonciation venu, l’ange Gabriel salua la "pleine de grâces" (pleine des dons de Dieu) et, après lui avoir exposé la demande de Dieu, il attendit très respectueusement sa réponse.
Par son "Fiat", Marie accepta pleinement son rôle de servante et de mère du Sauveur, et indirectement aussi, son rôle de co-rédemptrice, en raison même de son union très intime avec son Fils, dont elle partagerait désormais toutes les joies, toutes les souffrances et tous les désirs. Elle éprouva dès lors une profonde compassion pour tous les hommes esclaves du péché, et désira plus que tout les amener à son Fils Jésus pour obtenir leur délivrance, leur salut et leur sanctification.
Un temple du Dieu vivant
Lorsque le Saint-Esprit vint former le corps de Jésus-Christ dans les entrailles de Marie Sa Mère, elle devint, selon l’expression du Père Olier, "un temple plus glorieux encore que celui de Salomon". L’auteur la compare à une “Église portative" qui accompagna Notre Seigneur dans tous les événements marquants de sa vie.
Marie souhaite pour ses enfants adoptifs qu’ils soient aussi un temple accueillant pour son Fils. Ainsi, elle intercède auprès du Saint Esprit pour qu’il vienne "former spirituellement Jésus-Christ en nous". Elle veut que Jésus vive en nous, ou pour reprendre les mots de saint Paul, que ce ne soit plus nous qui vivions, mais Jésus qui vive en chacun de nous (Ga 2, 20).
En faisant toute la place à Dieu en nous, Marie sait que nous aurons la paix et le bonheur auxquels nos âmes aspirent, quelles que soient les épreuves que nous aurons à traverser par ailleurs. En faisant vivre le Christ en nous, nous serons aussi plus à même de le porter aux autres, d’embaumer les non-croyants de ses divins parfums, à mesure que notre vie sera de plus en plus semblable à la sienne.
Une confiance totale en son Fils Jésus
Nous connaissons tous l’histoire des noces de Cana, racontée dans Jean 2,1-12. Jésus et sa mère ont été invités à une fête nuptiale à Cana en Galilée, et à un moment donné, le vin manquant, Marie intercède auprès de son Fils. Malgré le refus apparent de celui-ci (il répond à sa mère que son heure n’est pas encore venue), Marie voit clairement par anticipation ce que son Fils s’apprête à faire. Elle dit aussitôt aux serviteurs des noces : « Faites tout ce qu’il vous dira. » On connaît la suite. Obéissant à Jésus, les serviteurs remplissent six grandes jarres d’eau, destinées habituellement aux purifications en usage chez les Juifs. Puis Jésus opère son premier miracle en changeant l’eau en vin.
L’intervention de Marie à Cana n’eut pas seulement pour effet d’obtenir un miracle concret (du vin pour les convives jusqu’à la fin des noces qui duraient plusieurs jours, et ainsi l’évitement d’une déconvenue pour les hôtes), mais aussi un changement radical chez les disciples de Jésus. L’évangéliste Jean termine en effet le récit des noces par ce constat : "Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui." (chapitre 2 : 11).
Ainsi le miracle de l’eau changée en vin est une preuve éclatante de la sollicitude de Marie pour le salut du monde entier. Elle nous demande encore aujourd’hui de donner toute notre confiance à Jésus, afin qu’il puisse accomplir en nous des merveilles.
Un coeur d'enfant
Alors que la Sainte Vierge Marie avait été préservée de toute souffrance au moment de la naissance de Jésus-Christ, elle enfanta dans la douleur et l’angoisse son premier enfant adoptif, saint Jean, figure et symbole de tous les enfants de l’Eglise. Du haut de la Croix, voyant sa mère bien-aimée et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus lui dit : "Femme, voilà ton fils", et à saint Jean : «"Voilà votre mère" (Jean 19 : 26-27).
Dès ce moment, la Vierge Marie reçut un cœur de mère non seulement pour saint Jean mais aussi pour tous ses futurs enfants adoptifs. Quant à Jean, il reçut un cœur d’enfant pour Marie. Aujourd’hui encore, la Mère de Dieu et notre Mère désire que nous nous confions à elle comme un enfant à sa Mère. Elle veut mettre en commun avec nous tous ses biens et privilèges, et surtout sa béatitude. C’est pourquoi son souci principal est de former Jésus-Christ dans les âmes par les sacrements et par la prédication des prêtres.
C’est par Marie que Jésus veut nous accorder toutes les grâces qu’il nous a acquises par sa mort, l’ayant établie la distributrice universelle de tous ses biens. Le Père Jacques Olier résume, avec son amour profond pour la Vierge Marie, la mission de celle-ci :
"Tous les soins de sa vie sur la terre, tous les saints empressements de son âme n’ont eu pour objet que d’établir, dans l’esprit et dans les cœurs des hommes, la connaissance et l’amour de Dieu, c’est-à-dire la vie divine."