Cinq étapes clés pour ordonner sa vie

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Qui n’a déjà éprouvé ce sentiment désagréable d’avoir fait un mauvais usage de son temps et de son énergie, et d’avoir négligé ses responsabilités ? Voici cinq étapes clés pour mener une vie chrétienne calme et ordonnée, loin du cercle vicieux de la productivité à tout prix.

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Cet article a été publié par la revue Aleteia le 1/10/2023 ici. Vous pouvez continuer votre lecture sur le blog.

Lorsqu’il s’agit de mieux s’organiser, nous avons tendance à rechercher des outils toujours plus performants, et ils ne manquent certes pas à l’ère de la course à la productivité. Pourtant, avant de parler « outils, systèmes d’organisation ou encore to do list« , il est important de donner du sens à notre organisation, en nous reconnectant à l’objectif ultime de notre vie de baptisé.


1. Connaître sa raison d'être

La finalité de notre vie n’est pas notre ego. Elle n’est pas non plus d’être productif ou encore d’accomplir une multitude de tâches. La productivité en effet, ne nous donnera pas une raison d’être dans la vie. Si nous vivons pour notre gloire, notre renom, notre confort, nous passerons assurément à côté de la raison d’être de notre existence.

Au début de ses Exercices spirituels, Saint Ignace de Loyola énonce le « principe et le fondement » des exercices : « L’homme est créé pour louer, respecter et servir Dieu notre Seigneur, et par là sauver son âme, et les autres choses sur la face de la terre sont créées pour l’homme, et pour l’aider dans la poursuite de la fin pour laquelle il est créé ».  Servir Dieu et lui rendre gloire dans tous les domaines de notre vie, et dans la moindre de nos actions quotidiennes, devrait ainsi constituer notre raison d’être. L’apôtre Paul nous encourage en ce sens : « Ainsi donc, que vous mangiez, que vous buviez ou quoi que vous fassiez, faites tout pour la gloire de Dieu » (1 Co 10 : 31).


2. Développer sa magnanimité

« La magnanimité est la vertu de ceux qui se considèrent dignes de grandes choses, de ceux qui ont conscience de leur dignité et de leur grandeur, et qui affirment cette dignité et cette grandeur dans l’action » (Coaché par Jeanne d’Arc, Editions Le Laurier, 2020). Au cours de notre éducation chrétienne, nous avons appris l’importance et la valeur de l’humilité, c’est-à-dire de la vérité sur nous-même. Il est une autre vertu, tout aussi importante, dont nous entendons moins souvent parler : c’est la magnanimité. L’écrivain Alexandre Dianine-Havard, à l’origine du "système de Leadership vertueux" , lui redonne toute sa noblesse. Elle est en effet essentielle pour comprendre la grandeur de nos âmes et la haute mission à laquelle chacun d’entre nous est appelé.

La magnanimité d’un chrétien repose sur sa dignité propre de « fils », de « fille » de Dieu. Il n’est pas de plus grande dignité que celle-ci. Au lieu de viser « l’estime de soi » (que l’auteur définit comme une « sensation d’ordre psychologique »), nous devrions plutôt développer cette grande vertu de la magnanimité. En l’honorant, nous nous donnons l’autorisation de rêver, de voir grand, d’imaginer pour nous-même et pour les autres les plus nobles missions.


3. Honorer le repos du dimanche

Une vie ordonnée suppose de discerner ses priorités. Heureusement, la Bible nous éclaire à ce propos grâce au commandement du « shabbat » énoncé dans les livres du Deutéronome (5, 12-15) et de l’Exode (20, 8-11). « Observe le jour du repos, pour le sanctifier, comme l’Eternel, ton Dieu, te l’a ordonné ». Le temps d’un juif est ainsi structuré autour de ce jour de repos et de louange de Dieu, qui illumine tous les autres jours de la semaine. Le « shabbat » (célébré pour les juifs le samedi) oriente la vie du juif vers sa vraie finalité : vivre en présence de Dieu et en son amitié, dans la communion avec la Création, œuvre sublime de Dieu.


En tant que chrétiens, nous sommes appelés à cesser nos activités le dimanche et à consacrer ce jour au « repos en Dieu ». Certes, nous n’avons plus à respecter à la lettre, à l’instar des juifs, la cessation de tous les travaux (les 39 ouvrages recensés dans la Mishna des juifs). Toutefois, pour sanctifier le dimanche, nous allons à la messe ; nous pouvons aussi consacrer du temps à l’étude de la Bible, à la prière, à la louange de Dieu, à la mémoire de ses œuvres dont sa Création, à notre famille, et nous abstenir d’effectuer des achats ou encore de travailler.

La théologienne Sylvaine Lacout a consacré un ouvrage sur  Le shabbat biblique (Editions des Béatitudes, 2009). Elle y voit, davantage encore qu’un simple rite, un « art de vivre » qui « prend racine en Dieu, dans une imitation de Dieu, dans une mémoire vive de son œuvre de création ». En cessant volontairement nos activités le dimanche, et ce même si nous n’avons pas terminé notre « to do list » de la semaine, nous nous posons des limites saines et sanctifiantes. Nous affirmons notre indépendance face à la productivité folle, à la frénésie d’une société qui se voudrait toujours plus « efficace » et à l’angoisse de nos contemporains. Nous nous ressourçons en Dieu et lui remettons la direction de nos vies et de « notre » temps. En mettant un jour à part pour Dieu, nous sommes sûrs de poser les bonnes priorités et de favoriser en nous la paix et la tranquillité d’esprit.


4. Définir ses grands domaines de responsabilités

Nous ne disposons que de 168 heures par semaine. Notre temps est limité et donc précieux. Afin de ne pas être surchargés de tâches inutiles, il peut être salutaire de définir nos grands domaines de responsabilité. C’est ce que conseille le pasteur Tim Challies dans son ouvrage Faire moins. Mieux. (Blf Editions, 2022). La parabole des talents, explique-t-il, nous donne une leçon : Dieu récompense ceux qui administrent fidèlement les biens qui leur ont été confiés (Mt, 25 : 14-30). Et nous pourrions donc nous demander : quels biens Dieu m’a-t-il confiés ? Quelles responsabilités m’a-t-il données ?

L’auteur nous propose un petit exercice pour répondre à ces questions et organiser nos priorités. Il s’agit de lister nos grands domaines de responsabilité, par exemple :

– Personnel (prendre soin de mon corps, de mon âme, de ma croissance spirituelle) ;
– Famille (mes responsabilités familiales, la gestion du foyer, des finances, de l’éducation des enfants) ;
– Travail (mes responsabilités au travail, les projets que j’ai à cœur de développer) ;
– Œuvre pour l’Église et l’évangélisation (répandre la Bonne Nouvelle, servir l’Église, participer à une œuvre caritative) ;
– Amis/Entourage (prendre soin de mes amitiés, de mon entourage).

Chacun peut définir ses domaines de responsabilité propres, les missions qui y sont attachées, puis affiner les tâches et projets qui s’inscrivent dans chacun de ces domaines. Si nous prenons l’exemple du domaine « personnel » de responsabilité, cela pourrait être : « Personnel : ma mission est de croître spirituellement, de prendre soin de mon corps et de mon âme, d’aspirer au salut ; les tâches en vue d’accomplir cette mission sont d’aller à la messe, de lire la Bible, de me confesser, de lire des livres édifiants, etc. »


L’auteur nous invite ensuite à faire le point et à nous demander : mes activités sont-elles en phase avec mes missions ? En effet, de la même manière que nos placards finissent par être encombrés de vêtements que nous ne portons jamais, nous pouvons nous retrouver avec des rôles, des tâches, voire des projets qui ne correspondent pas à notre mission. Il est ainsi nécessaire de faire le tri entre les tâches nécessaires, celles que nous avons acceptées en raison d’une mauvaise gestion (de nous-même ou d’autrui), ou encore les tâches que nous avons acceptées « par crainte des hommes » ou en vue de les impressionner. Ces tâches peuvent être déléguées, supprimées ou bien assumées. L’important est d’être conscient de nos choix et de vivre pleinement nos responsabilités, sans avoir la désagréable impression d’avoir la « tête sous l’eau ». 


5. Sélectionner ses outils d'organisation

Une fois ce cadre posé, les outils sont utiles pour nous structurer dans nos rituels quotidiens, notre discipline de routines et ainsi dompter notre tendance à la paresse ou à la procrastination. Il existe une multitude d’outils destinés à nous aider à mieux gérer nos tâches, à les planifier dans un agenda et à classer l’information dont nous avons besoin dans notre travail ou notre vie personnelle. Parmi ceux-ci, citons entre autres « To doist.com », « Google Agenda », « Evernote » ou « Obsidian ». L’important est de trouver ses propres outils, ceux que nous aurons plaisir à utiliser régulièrement.


Tim Challies partage l’une de ses routines qu’il a appelée « Coram Deo » (Dans la présence de Dieu). Il s’agit de se réserver un temps quotidien et/ou hebdomadaire (d’environ trente minutes) afin de planifier son emploi du temps sous le regard de Dieu : après un temps de prière, l’auteur discerne, décide des tâches à accomplir dans la journée ou la semaine, organise les priorités et planifie celles à remettre à plus tard.

Tous ces outils, utilisés sur des fondations saines, permettent de vivre une vie chrétienne calme et ordonnée. Toutefois, il faut ajouter deux derniers ingrédients tout aussi essentiels : l’indulgence envers soi-même (car seul Dieu arrive à accomplir toute sa liste de tâches quotidiennes !), et l’ouverture aux imprévus, pour accueillir pleinement l’action de Dieu dans notre vie, à l’instar du Bon Samaritain (Lc 10 : 25-37).

Aliénor Strentz


Fondatrice du blog "Chrétiens heureux".

Aliénor Strentz

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