Une méthode toute simple pour vivre la messe avec plus d’ardeur

Le concile Vatican II a présenté la messe comme "la source et le sommet de la vie chrétienne". En tant que catholiques, nous nous y rendons au moins le dimanche. Mais la vivons-nous vraiment comme le "sommet" de notre vie ? Pour nous y aider, le vénérable Bruno Lanteri a proposé une méthode toute simple, que chacun d'entre nous peut pratiquer pour vivre la messe de tout son cœur. 

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(Cet article est paru dans la revue catholique en ligne Aleteia le 20 août 2022 ici. Vous pouvez continuer votre lecture ci-dessous).

Source et sommet de la vie chrétienne, la messe est un moment privilégié pour aller à la rencontre de Christ, prendre du temps pour lui en l’adorant de la manière qu’Il a souhaitée. Pourtant, il n’est pas toujours évident de rester concentré à la messe alors que nous sommes rattrapés par les préoccupations du quotidien. Pourquoi ne pas essayer la méthode du vénérable Bruno Lanteri (1759-1830), prêtre catholique italien, qui a écrit alors qu’il n’était encore qu’au séminaire un texte sur la façon dont il souhaitait vivre la messe. Il l’appliqua d’abord pour lui-même avant de le faire connaître à d’autres prêtres, et à travers eux, à beaucoup de fidèles. 


La méthode de Bruno Lanteri

Sa méthode pour vivre la messe est toute simple. Bruno Lanteri choisit des figures bibliques différentes pour l’accompagner durant chaque partie de la messe. Il s’efforce, au cours même de la messe, de les imiter dans leurs vertus et leur amour du Christ. Voici le texte qu’il écrivit pour aide-mémoire :

« Quand j’entrerai dans l’église, j’imaginerai que je vois Siméon, qui vint au Temple, conduit par le Saint Esprit pour la présentation et la circoncision de Jésus ; ou bien, j’imaginerai voir un autre saint fervent.

Pendant la messe, lors du rite Pénitentiel, je rechercherai les sentiments et le cœur même du collecteur d’impôts.(Evangile de Luc 18:13)
Pendant le Gloria, les sentiments des anges.
Lors des Prières (prière d’ouverture), ceux d’un ambassadeur envoyé par l’Eglise.
Lors des Lectures et de l’Evangile, ceux d’un disciple.
Lors de la Profession de foi, ceux des martyrs.
Lors de la Préparation des dons, ceux de Melchisédek. (Livre de la Genèse 14 : 18-20)
Lors de la Préface, ceux de la Cour Céleste.
Lors de la Consécration, ceux du Christ.
Lors de la Prière du Notre Père, ceux d’un mendiant qui demande à Dieu ce dont il a besoin.
Lors de l’Agneau de Dieu, ceux du coupable qui a besoin de pardon.
Lors de la Communion, ceux de l’amoureux.
Lors des mots « Allez en paix, la messe est finie », ceux d’un apôtre.
Je quitterai alors l’autel, comme si j’avais le cœur en feu. »

En complément de ce texte, Bruno Lanteri explique aussi comment il se prépare, en tant que prêtre, à la messe :

« Avant que la messe ne commence, je pense à ce qui va se passer à l’autel entre moi, le Père Eternel et son Fils unique. Je pense aux quatre motifs de la messe (l’adoration, la contrition, l’action de grâces et la supplication). Je parle aussi à chacune des Trois Personnes de la Trinité. Je demande le pardon de mes péchés, les vertus dont j’ai besoin, et je demande à Marie et à Joseph de m’enseigner comment me conduire avec Jésus. Je demande à mon Ange Gardien de m’assister à l’autel, et je formule l’intention pour la Messe. »

Shutterstock

Une méthode pour aujourd'hui

Avec un peu d’entraînement, il est facile d’appliquer cette méthode. Imaginez. 


Vous sortez de chez vous pour vous rendre à la messe. Vous entrez dans l’église, tout en songeant que vous allez appliquer la méthode du père Bruno Lanteri. Vous saluez le Seigneur avec une génuflexion. Le sacristain et le prêtre sont déjà là, et se préparent. Dans quelques minutes, la messe va commencer.


Assis à votre place, vous pensez à Siméon. Pendant des années et des années, il a désiré voir le Christ, sans jamais perdre espoir. Vous l’imaginez le jour de la circoncision de Jésus (Lc 2, 22-35). Poussé par l’Esprit saint, il sort de chez lui et se rend au Temple, animé par une immense espérance. Vous ressentez avec lui l’espoir et la joie à l’idée de rencontrer le Christ. Vous lui demandez de vous donner les sentiments qui l’animaient alors. Vous allez vous aussi rencontrer le Christ dans l’Eucharistie.

Saint Siméon avec l'enfant Jésus. Hendrick Bloemaert (Utrecht 1609-1666)

Présenter ses besoins et ceux du monde

La messe commence, et arrive le rite Pénitentiel. Vous pensez au collecteur d’impôts, rempli de contrition à cause de son péché. Comme lui, et en vous souvenant de vos péchés, vous suppliez Dieu : « O Dieu, sois miséricordieux envers moi, pauvre pécheur » (Lc 18 : 13). Vous demandez au collecteur d’impôts de vous donner sa contrition, son désir de conversion, et sa confiance dans la miséricorde de Dieu.


Le Gloria s’ensuit et vous visualisez les anges chantant la gloire de Dieu lors de la Nativité du Sauveur. (Lc 2 : 13-14) Ils sont près de l’autel, quoiqu’invisibles à vos yeux. Vous leur demandez de vous donner un cœur rempli de louange envers Dieu, comme si vous assistiez vous-même à la naissance de Jésus dans la nuit paisible de Noël.


Après le Gloria, le prêtre clôture la première partie de la célébration par ces mots : "Prions le Seigneur". Un temps bref de silence vous permet de présenter à Dieu vos besoins et ceux du monde. Vous vous unissez à « l’ambassadeur » qu’est le prêtre, selon Bruno Lanteri, à sa prière et à celle de tous les prêtres dans le monde.


Lorsque les lectures et l’Évangile sont lus, vous imaginez que vous êtes un disciple du Christ l’écoutant attentivement sur la montagne, au Temple de Jérusalem ou encore près du lac de Tibériade. Vous écoutez avec intensité l’Évangile et l’homélie, comme si Jésus lui-même vous parlait.


Un coeur rempli de foi et d'ardeur

Le prêtre invite alors l’assemblée à professer sa foi en Dieu. Vous demandez aux martyrs qui ont perdu la vie en raison de leur foi en Christ de vous donner leur cœur rempli de foi et d’ardeur.  


Lors de la Préparation des dons par le prêtre, vous unissez votre propre offrande à celle du prêtre. Vous offrez le « sacrifice vivant » de votre vie, avec ses peines et ses joies. Vous recherchez les sentiments mêmes du prêtre et de Jésus offrant sa vie au Père.


Lors de la Préface, introduite par le dialogue antique du « Sursum corda » (« Élevons notre cœur ») et qui conduit au chant du Sanctus, vous recherchez les sentiments de la Cour céleste, c’est-à-dire de tous les bienheureux qui contemplent Dieu au paradis. Vous visualisez vos saints préférés près de l’autel et vous chantez avec eux la sainteté de Dieu (« Saint, saint, saint est le Seigneur… »).


Suite à la consécration durant laquelle vous vous unissez à Jésus s’offrant au Père, vous dites le Notre Père avec un esprit de « pauvre ». Bruno Lanteri ne donne pas d’exemple précis de personnage biblique dans son texte, mais vous pouvez penser à un personnage de la Bible qui a imploré Dieu de tout son cœur pour obtenir quelque chose d’important : la reine Esther suppliant Dieu de sauver son peuple (Livre d’Esther), les lépreux interpellant Jésus pour être purifiés (Mc 1 : 40 pour exemple), ou encore Jairus implorant Jésus de guérir sa fille à l’article de la mort (Mc 5 : 23). Vous cherchez à les imiter dans leur pauvreté d’esprit et leur confiance inébranlable en Dieu.

Shutterstock. Prêtre pendant la messe

Un coeur contrit mais confiant en Dieu

Puis, vous chantez l’Agneau de Dieu avec un cœur contrit mais confiant dans la miséricorde de Dieu. Vous pouvez pour cela penser au psalmiste (le roi David) implorant Dieu de lui pardonner et chantant son espoir en l’Eternel.


Durant la communion, vous vous comportez comme un « amoureux ». Là encore, Bruno Lanteri ne précise pas de figure biblique, mais vous pouvez rester avec le roi David, et lui demander de désirer Dieu comme il le désirait : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube : mon âme a soif de toi ; après toi languit ma chair, terre aride, altérée, sans eau« . (Ps 62)


La messe est désormais terminée et vous ne l’aurez pas vue passer ! Le diacre vous envoie par les mots « Allez dans la paix du Christ » (ou par d’autres formules comme « Allez porter l’Évangile du Seigneur » ou encore « Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie »). Vous êtes littéralement envoyé en mission dans le monde. Vous repartez avec le cœur d’un « apôtre », mot qui signifie littéralement « celui qui est envoyé ».

Shutterstock. Prêtre durant la communion.

Référence :

A Biblical Way of Praying the Mass : the Eucharistic Wisdom of Venerable Bruno Lanteri. Fr. Timothy Gallagher, EWTN Publishing, Alabama : 2020.

La parole est à vous

  • Etes-vous conscient de la présence réelle du Christ dans l'eucharistie ? Comment vivez-vous la messe : tout uni à Christ ou encore distrait par vos inquiétudes peut-être ?
  • Essaierez-vous au moins une fois la méthode du Père Lanteri ? Elle est concentrée sur la communion des saints, et peut augmenter votre intimité avec les anges, les bienheureux... et par dessus-tout avec le Christ Lui-même et sa Sainte Mère.

Aliénor Strentz


Fondatrice du blog "Chrétiens heureux".

Aliénor Strentz

  • Merci énormément pour cet article. J’ai vécu cette messe du jour en suivant docilement, pas à pas, les jalons proposés par Bruno Lanteri. Quelle pédagogie! Cela me permet de vivifier et d’approfondir la rencontre avec le Christ tout au long de la messe. Je recommande, comme on dit ;-)

    • Merci Thérèse et tant mieux si le Vénérable Bruno Lanteri vous a inspiré plus d’ardeur pour ce trésor de nos vies qu’est la Sainte Messe !

  • Est-ce que je vais à la messe ou est-ce que je la vis ? L’esprit se déconcentre et papillonne, une longue suite de petits faits sans importance qui surviennent me détache souvent de cette cordée qui, avec toute l’assistance et à sa tête le prêtre qui la célèbre, tente de cheminer jusqu’au Ciel. Et puis l’attention se raccroche à ce qui se vit en cet instant, ouf ! Mais elle reste en péril de vaciller à nouveau. Que Dieu garde en sa miséricorde infinie les têtes légères et les cœurs inconstants que nous sommes, trop souvent, dans la vie de tous les jours et plus encore, hélas, parfois au cours de la messe…

    • L’ouvrage a l’air très intéressant, merci pour cette référence ! Oui, il existe beaucoup de beaux écrits sur la messe, et on pourrait écrire des milliers d’articles sur ce saint sacrement. Le texte de Bruno Lanteri n’est pas le plus profond ni le plus beau, mais c’est néanmoins un texte à connaître et qui nous fait mieux vivre également la « communion des saints ».

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