Comment prier quand on est dans la détresse ?

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Chacun a déjà été confronté, au moins une fois dans sa vie, à la "détresse", ce sentiment intense d’abandon, de solitude profonde, face à une situation sans lueur d’espoir apparente. Comment parvenir dès lors à prier, à se relever, et à repousser les tentations de désespoir, voire de rébellion contre Dieu ?

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Cet article a été publié dans la revue catholique en ligne Aleteia, le 19/09/2022 ici. Vous pouvez continuer votre lecture sur ce blog.


Devant une situation critique et particulièrement douloureuse, l’être humain a tendance, soit à se replier sur lui-même et à désespérer, soit à se tourner sans aucun discernement vers n’importe quelle recette « thérapeutique » à la mode. La détresse, ce sentiment exacerbé d’être abandonné et au fond du trou, peut alors conduire à des dérives et causer beaucoup de dégâts dans la vie de l’homme. Dans ces situations, le recours à Dieu, dans la prière, est vivement souhaité. Mais comment faire, lorsqu’on a peu de force, et que le sentiment d’avoir été abandonné de Dieu nous tenaille ?


1. Crier vers le Ciel

Shutterstock /Jeune femme levant les bras vers le ciel

La plus grande sainte des temps modernes, sainte Thérèse de Lisieux, a donné une définition laconique de la prière. Pour elle, il s’agit d’un « élan du cœur », d’un « simple regard jeté vers le Ciel », d’un « cri de reconnaissance et d’amour au sein de l’épreuve comme au sein de la joie ». Se remémorer cela est particulièrement adapté lorsqu’on est dans la détresse, et qu’on a peu de paix et de désir pour entrer en oraison. 


La Bible nous rapporte de nombreuses situations de détresse individuelle et collective — celle du peuple hébreu. Entre autres exemples, le livre de Tobie nous parle de la détresse de Sarra. Sarra avait été mariée sept fois. Mais chaque fois, le démon Asmodée tuait tous ses maris. Elle était régulièrement insultée par une jeune servante de son père qui l’accusait de tuer ses propres maris. (Tb 3, 7-9). La détresse de Sarra apparaît clairement au chapitre 3 du livre de Tobie, au verset 11 : « Ce jour-là, Sara, la mort dans l’âme, se mit à pleurer ». 


À propos de ce verset, le père Hippolyte Muaka Lusavu, dans son livret Prières de guérison, note ceci :

"Remarquons qu’on ne parle pas de la mort de l’esprit mais de l’âme. C’est l’âme qui est blessée quand il nous arrive d’être choqué à cause des contrariétés de la vie."

Sarra monte alors dans la chambre haute de la maison de son père pour se pendre. Mais elle prend conscience que l’acte qu’elle va poser risque de provoquer la mort de son père. Elle se tourne alors vers Dieu pour demander sa propre mort. Ainsi prie-t-elle :

« Béni sois-Tu, Dieu de Miséricorde : béni soit ton nom pour les siècles, que toutes tes œuvres te bénissent à jamais ! Et maintenant, j’élève vers toi mon visage et mes yeux. Parle : que je disparaisse de la terre et n’aie plus à entendre d’insultes. J’ai déjà perdu sept maris ; à quoi bon vivre encore ? Et s’il ne te semble pas bon de me tuer, Seigneur, entends au moins l’insulte qui m’est faite ». (Tobie 3, 11-15).

La prière de Sarra ressemble à celle de Job qui, humilié et désespéré lui aussi, maudit le jour de sa naissance mais ne maudit à aucun moment Dieu en qui il continue d’espérer contre toute espérance (Jb, chapitres 3 et 19).


Leurs deux prières concentrent tous les éléments d’un « cri vers le ciel » :

1. La bénédiction de Dieu et de son nom ;

2. La formulation de sa détresse, mais aussi de son espérance ;

3. La demande à Dieu de regarder cette situation  et d’agir comme il l’entend.


2. Refuser l'esprit de découragement et se souvenir des grâces reçues dans le passé

Shutterstock/Femme fermant les yeux, dans la nature, apaisée

Les situations de détresse pouvant durer longtemps, la tentation est grande de cultiver un esprit de complaisance avec son désespoir, et de demeurer dans un état d’accablement permanent et paralysant. Pourtant, selon l’exhortation du père Muaka Lusavu, « la meilleure manière de vaincre la détresse est de refuser de demeurer en elle ». Il faut donc s’engager fermement à éloigner de nous toute pensée de découragement et toute paralysie dans nos actes. Il est souvent nécessaire, durant cette étape, de se faire accompagner sur un plan psychologique par un psychologue ou un psychiatre, mais aussi, sur un plan spirituel, par un prêtre. 


Quelles que soient les difficultés et les tourments que nous traversons, il est possible de regarder en avant, et de bâtir un nouvel avenir. Nous avons besoin pour cela, en étant accompagné, de parvenir à un certain équilibre psychologique et émotionnel.


Nous pouvons aussi nous souvenir avec l’aide de l'Esprit Saint, des grâces que nous avons reçues dans le passé. Ce souvenir rempli d’action de grâce nous ancre dans l’espérance, car nous nous rappelons que Dieu veut notre bonheur, qu’il est notre berger en qui nous pouvons avoir confiance.

Le psalmiste le chante à plusieurs reprises, comme dans le psaume 22, au verset 4 :

"Même si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ton bâton me guide et me rassure. ."

Lisons donc souvent à voix haute les psaumes de la confiance (comme le psaume 22, 27 ou encore 54) et soyons sûrs que la confiance en Dieu opère des miracles. À titre d’exemple, Paul et Silas en prison chantaient les merveilles de Dieu. C’est alors que leurs chaînes furent brisées par la volonté de Dieu (Actes des Apôtres 16, 24-26).


3. Faire appel aux Archanges et à la Vierge Marie

Les trois Archanges et Tobie, Francesco Botticini, Galerie des Offices, Florence, Italie. Domaine public.


Jésus a Lui-même connu la détresse au jardin de Gethsémani et sur la Croix, en ressentant vivement « l’abandon de Dieu ». « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? », s’est-il écrié sur le bois de la Croix (Mt 27, 46).

Au Jardin des Oliviers, alors que les apôtres étaient tous endormis, c’est un ange qui est venu le consoler (Lc 22, 42-45). Retenons ceci : les anges ne demandent qu’à nous secourir et nous consoler, tant ils ont compassion de nous. En situation de désespoir, recourons donc à l’Ange puissant du Mont des Oliviers, celui-là même qui a consolé notre Sauveur dans la détresse.


Les archanges saint Michel, saint Gabriel et saint Raphaël agissent aussi puissamment contre les esprits mauvais « qui parcourent le monde » et nous poussent à nous décourager. Le chapelet à saint Michel ou encore les oraisons de saint Michel sont des prières libératrices pour repousser loin de nous tous les sbires du démon.


Enfin, le rosaire de la Très Sainte Vierge Marie, ou simplement l’invocation de son Saint Nom, est aussi une prière puissante de protection et de libération face au mal et à toute forme de détresse.


Après le saint Esprit, la Vierge Marie et les Archanges sont nos plus précieux auxiliaires dans nos « combats spirituels ».


4. Méditer sur la victoire finale du bien contre le mal...et redécouvrir les béatitudes

Shutterstock/Jeune homme priant

La détresse peut conduire à se recroqueviller sur sa tristesse et à oublier le dessein final de Dieu : le triomphe définitif du Royaume du Christ, comme nous le révèle l’Apocalypse. Méditer sur le retour du Christ en gloire et sur la Jérusalem céleste peut diffuser en nous paix et espérance. Nous ne sommes plus centrés sur notre souffrance mais sur la victoire finale du Christ, et sur un lieu où toute douleur disparaîtra, que saint Jean a vu et rapporté dans le Livre de l’Apocalypse (21, 10-11) :


« L’Esprit se saisit de moi et l’ange me transporta au sommet d’une très haute montagne. Il me montra la ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, envoyée par Dieu, resplendissante de la gloire de Dieu. » 

L’objectif est de préserver sa joie et sa paix intérieures. « Soyez toujours joyeux, priez sans cesse, rendez grâce en toute circonstance : c’est la volonté de Dieu à votre égard dans le Christ Jésus ». (1Th 5, 16-18).


Enfin, il peut être réconfortant de redécouvrir les Béatitudes, et de considérer sa situation actuelle de détresse comme une source de joie spirituelle ultérieure. « Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés » (Mt 5, 4).


5. Offrir à Dieu notre détresse et s'engager pour lutter contre le mal

Shutterstock/Femme avec une Croix en direction du soleil

Notre prière peut aussi se faire offrande à Dieu pour le salut des âmes. Offrir à Dieu sa situation de détresse, c’est lui donner une fécondité et donc un sens, aussi salutaire pour soi que pour le prochain. La souffrance est offerte pour la conversion des pécheurs ou encore pour la libération d’âmes du purgatoire. Ce don de soi est déjà une victoire contre la détresse car il nous sort d’un sentiment de solitude intense, en nous reliant à nos frères et sœurs en Christ.


La détresse peut aussi, au prix d’un engagement et de beaucoup de volonté, se transformer en action bienfaisante. Après avoir recherché pendant trois jours sa fille disparue et enlevée, plongé dans une vraie détresse mais non pas paralysante, l’influenceur Béor a retrouvé sa fille lui-même… et a créé, quelque temps plus tard, un collectif, Les Disparus anonymes qui, depuis 2019, a déjà retrouvé trente-six adolescents. Sa détresse s’est métamorphosée en action en faveur d’un monde meilleur. Un exemple à suivre pour que la détresse n’ait jamais raison de nous.

La parole est à vous

  • Connaissiez-vous les histoires bibliques de "détresse", comme celles par exemple de Job ou encore de Sarra ?
  • Quelle piste de prière vous attire le plus, si vous connaissez en ce moment une situation de détresse ?


Référence citée dans cet article : Prières de guérison : de la détresse à la joie du Père Hippolyte Muaka Lusavu, Editions Rassemblement à Son Image, 2016.

Aliénor Strentz


Fondatrice du blog "Chrétiens heureux".

Aliénor Strentz

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